c'est conjuguer "bouillir" au subjonctif pluriel

Publié le par tzvetan liétard

Jacquot de Nantes prouve que même pour un non familier, l’œuvre de Demy n’est pas si inconnue. Le film donne envie de tout voir, mais aussi de visiter le passage Pommeraye. J’irai, la première fois que j’irai à Nantes. La révolte de Demy qui préfèrerait apprendre le cinéma plutôt que d’apprendre un métier technique interpelle aujourd’hui ceux qui regrettent de n’avoir pas reçu une telle formation. Jamais content, sauf peut-être que Jacques Demy et Agnès Varda aient pu faire des films.

Je ne sais pas pourquoi l’aventurier du Rio Grande me rappelle un film soviétique, et parfois un spaghetti. Peut-être à cause de la qualité de la copie dans laquelle je l’ai vu. Je pensais que tous les personnages joués par Mitchum se ressemblaient. Je dois me rendre à l’évidence et constater que non, bien qu’ils ressemblent tous à Mitchum. Ce film joue avec les représentations et les identités de plusieurs personnages (de premier ou de second plan) avec Brady, le mexicain états-unien (Mitchum), avec le sergent Stutton dont le premier plan sur les bottes de militaire ne laisse pas présager qu’il est noir (comme toute la troupe hormis le major Colton, ce dont il est fait mention dans l’histoire). Julie London ne chante malheureusement pas. 

Lola s’ouvre sur une chanson de Freddy Quinn (aucun lien) que je partage ici. L’atmosphère habituelle des films de Fassbinder est rehaussée par un travail sur les couleurs et l’éclairage que je n’avais jamais rencontré chez lui jusqu’à présent. Étonné et émerveillé, je ne suis pas parvenu à interpréter ces contrastes, ce qui est d’autant mieux. J’ai reconnu Armin Mueller-Stahl, interprétant ici le personnage principal quoique non éponyme, que j’ai decouvert dans Music Box (datant de 8 ans plus tard). Je retiens le nom de ce physique inhabituel, rappelant parfois Serrault, Rochefort ou Marielle, mais beaucoup plus anodin et dense, avec moins d’esbrouffe. Je voudrais retenir son nom. J’ai été perturbé par les fondus enchaînés en flou très nombreux qui donnaient l’impression d’annoncer des flash-back. Cela et l’absence d’information sur l’intrigue n’ont pas facilité la compréhension du film lors des premiers temps. En fin de compte, la narration est linéaire.

Les Glaneurs et la Glaneuse ? Peut-être le préféré de Varda. En tout cas le plus léger (qualité pourtant présente tout au long de ce qu’on a vu de sa carrière) et le plus parlant (sans doute parce qu’en prise avec son temps, celui-ci nous touche pour sa contemporaénité). On apprend entre autre qu’elle a commencé le tournage de ce film le 11 août 1999, jour d’éclipse dont on se souvient. Tout en collant au sujet du film (la récupération, la débrouille) elle parle aussi d’elle-même, de la vieillesse.

Rio Grande prouve une fois de plus l’importance de Lucky Luke dans mon éducation au western. Celui-ci a du inspirer le propos du 20ème de Cavalerie pour les relations entre le fils et le père. McLaglen a toujours une sacrée gueule. C’est encore un film pour le plaisir : il y a beaucoup de temps mort quasi contemplatif avec un certain talent pour couper au bon moment : c’est assez long pour qu’on regarde simplement les paysage filmé, mais assez court pour qu’on ait pas le temps de se rendre compter qu’on regarde. Quasi-contemplatif, cela signifie qu’il se passe toujours quelque chose mais qu’on a le droit de prendre les images. Les péripéties, les situations, servent à souder cette communauté états-unienne rassemblant (anciens) nordistes et sudistes. Je commence à comprendre que l’un des mythes propagés idéalement par le western était la réconciliation nationale. Dans ce cas, c’était à la fois contre le milieu hostile (les Indiens étaient hostiles, allez savoir pourquoi) et l’État (les officiers faisaient preuve d’un beau libre-arbitre vis-à-vis des rigueurs de la loi quand elle concernait l’un des leurs).

Les Glaneurs et la Glaneuse... deux ans après permet de retrouver certains personnages, d’approfondir certaines idée et de relire le premier sous un nouvel éclairage. On en aimerait d’autres, à suivre ces destins.

Jesse James est fidèle à la chanson. En revanche, Frank jamais ne cite Shakespeare. Henry Fonda joue comme dans the grape of wrath l’un des fils du personnage joué par Jane Darwell. Tyrone Power, que je ne connaissais que vieux dans Witness for the prosecution a une beauté moderne. Par contre Randolph Scott était déjà âgé. Son personnage qui n’existait probablement pas avait déjà la classe. The pace goes slowly. L’écriture tend le film d’un mélodrame théâtral mais il y a beaucoup de belles scènes (la séquence dans laquelle Jesse James court sur un train lors de la seule attaque de train filmée). On a beaucoup recours au message écrit qui fait avancer l’intrigue, comme au temps du muet. Un seul message échappe à la règle lu successivement par... Même conclusion que pour le précédent western.

 

Jacquot de Nantes, Agnès Varda, 1991

The Wonderful Country, Robert Parrish, 1959

Lola, Rainer Werner Fassbinder, 1981

Les Glaneurs et la Glaneuse, Agnès Varda, 2000

Rio Grande, John Ford, 1950

Les Glaneurs et la Glaneuse... deux ans après, Agnès Varda, 2002

Jesse James, Henry King, 1939

 

Les nombreuse coquilles qui parsèment l’ouvrage n’empêchent pas d’apprécier cette évoquation du cinéma période 1980-1986, celle que j’ai le moins visité jusqu’à maintenant. Jusqu’à présent, les seuls textes critiques que j’ai lus en recueil datèrent d’avant 1967, année de la mort de Georges Sadoul. Cela inclut ceux de Truffaut et d’autres de la première période des Cahiers du Cinéma et surtout André Bazin. Serge Daney représente la génération dritique des cahiers apparu au moment où les "jeunes turcs" abandonnèrent cette activité. Ces critiques semblent du même niveau dans le sens où elles ne mobilisent pas qu’un savoir cinématographique et où elles mettent perspective les préoccupations de l’auteur sur les rapport du cinéma et de la télévision entre autres médias de masse. On voyage aussi, ce qu’apprécie entre autre Gilles Deleuze dans sa préface. J’ai ici reproduit un article extrait du second volume.

Serge Daney,Ciné journal 1981-1982 et Ciné journal 1983-1986, Petite bibliothèque les Cahiers du Cinéma, 1998

 

 

Les notices de Georges Sadoul

Cette semaine, Henry King :

(Christiansburg 24 janvier 1892 ou 1896) Formé notamment par Thomas Ince, il dut peut-être à ses ascendances sudistes de réaliser le chef-d’œuvre que fut : 1921 David le tolérant (Tol’able David). Il est resté, depuis, un réalisateur acceptant tous les sujets, mais, pour son sens du récit par les images, quelquefois d’une valeur comparable à son contemporain Raoul Walsh. [une liste]

 

(j'espère par ce titre exorciser cette scie)

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