non vraiment, non vraiment, ça n'avance pas, ça n'avance pas

Publié le par Tzvetan Liétard

Cette semaine, en cinéclub universitaire, nous avons "osé" montrer Un chien andalou et Avida à un public qui n’était pas acquis d’avance. Ce n’était que la deuxième fois que je voyais le court-métrage. De la première vision il ne m’était quasiment rien resté que deux ou trois images fulgurantes. De celle-ci, beaucoup plus. Le cas du long qui semblait prolonger à merveille les émotions du court était une expérience assez facile à vivre dès l’instant où les références sont familières. J’y ai reconnu toutes les personnalités que je connaissais déjà. En plus des réalisateurs et des habitués – Dupontel et Lanners – il s’agissait de Fernando Arrabal – qui s’adresse à Topor –, Jean-Claude Carrère, Kati Outinen, Claude Chabrol, Philippe – c’est bien – Vuillemin et Rokia Traoré. C’est une liste de noms qui te me crée un de ces univers. Étant donné sa durée et sa lenteur le film de Kervern et Delépine fut une épreuve qui apporte son lot de récompenses (la chanteuse, les idées...). Je ne sais pas si on peut reprocher à ce film d’être hermétiquement didactique. Ce serait absurde. Mais on sent une volonté d’exprimer certaines choses sur leur monde à travers les mêmes thèmes que dans tous leurs autres films.

Quand j’ai commencé à regarder Le courrier de l’or, j’ai reconnu le cowboy de Tchernobyl de la classe américaine, ce qui a failli gâcher ce film (avec le maquillage et les seins de Karen Steele, et les mimiques flippantes de certains seconds rôles) mais en fin de compte on a du plaisir à suivre cette histoire entre les Yankees et les méchants (qui ne sont pas forcément les Rebs). Je suis sûr que c’est Randolph Scott qui a inspiré un personnage du Route vers l’Enfer de Goossens. Le film par ailleurs classique, parfois un peu mélo, surprend avec de vrais moments de violence gratuite (« but there’s a little girl ! »).

Plaisir d’Amour en Iran, « court-métrage artistique » pourrait être le film d’un Rohmer un peu cru. C’est une séquence tourné à l’occasion du passage en Iran de L’une chante l’autre pas. Mais il ne s’intégrait pas au film comme le pouvait les fiancés du pont McDonald à Cléo de 5 à 7.

 

Uploaded by on Sep 7, 2010

 

L’Oncle Yokan est en fait en cousin américain éloigné d’Agnès Varda partie à sa rencontre (tout deux sont d’origine gréco-bulgare, ou "plus simplement", balkanique). C’est en une vingtaine de minutes beaucoup de choses évoquées (la vieillesse, la liberté, la famille, etc.) à la manière qu’on lui connaît, et c’est bien.

Réponse de femmes ressemble à un film institutionnel dans lequel on peut voir beaucoup de chair revendiquée. Ce film a un caractère d’an 01 dans la mise en scène et les invectives des comédiennes à la caméra appelant à réinventer. Le film paraît daté. La référence pourrait être Simone de Beauvoir.

   

Uploaded by on Oct 25, 2007

 

L’une chante, l’autre pas sent les années 70. Pomme (ou Pauline) le personnage de Valérie Mairesse peut se caractériser comme une hyppie chanteuse dont les chansons rythment le film et discutent divers aspects de ce que signifie être une femme alors. Le personnage de Thérèse Liotard, Suzanne, a d’autres traits tout aussi propre à cette époque puisqu’après avoir cherché à s’émanciper enfin financièrement (très important !) elle trouve du travail et participe au planning familial de Hyères. Ces deux personnages qui se rencontrent en 1962 se retrouvent 10 ans plus tard à une des manifestations qui ont accompagné le procès de Bobigny mené publiquement par Gisèle Halimi. C’est d’ailleurs son livre, la cause des femmes, qui m’a sensibilisé aux questions traitées dans le film d’Agnès Varda. La bande son fleure tout autant l’époque et l’an 01, mais seules les Orchidées (le groupe de Pomme) pouvaient exprimer ces idées de cette façon datée certes mais ancrée dans cette époque, ce qui en fait un document passionnant.

Fando y Lis est un film qui ressemble à Avida à plein d’égards et de motifs dont on ne fera pas l’inventaire. Disons que nous n’avons pas retrouvé le plaisir procuré par le cousin français avec lequel nous devions avoir bien plus de connivences.

Parlant de connivence, la Cravate est tout aussi bizarre. Jodorowsky ressemble à un mélange de Patrick Mille, Mika, un jeune Jacques Martin et même Chaplin. On est surtout content de croiser les jeunes Proslier et Devos. Coloré et joli.

 

 

Comme on lit en plus que le film a été supervisé par Georges Rouquier, on ne peut s’empêcher de penser à Farrebique en regardant Le sabotier du Val de Loire en raison de thématiques proches (passage du temps, des générations, la difficulté de transmettre dans le monde moderne).

Avec Les Deux crocodiles, visible ici, c’est la première fois que je vois un film de Joël Séria. Comme je l’ai bien aimé mais qu’il paraît que d’autres sont mieux, j’ai hâte de les voir. La séquence finale m’aura impressionnée, dont j’ignore si c’est de l’art ou du cochon. Le traitement de la famille basse-bretonne est étrange. L’épilogue m’a traumatisé, je... enfin...

Il est difficile de tuer quelqu’un même un lundi est la première satire du monde des tueurs en série que je vois. Drôle et triste à la fois. Malsain aussi, un peu.

 

 

La mouche est un bon moyen d’apprendre à se décentrer. J'imagine les transpositions possibles (abattoirs, pêche à la ligne, etc.) sans compter ce qu'on fait aussi à des humains, et malgré tout ça, j'arrive encore à dormir.

 
Published on Apr 9, 2012 by

 

Les demoiselles de Rochefort impressionne par sa maîtrise et sa légèreté. C’est un film fait pour faire plaisir. Je suis d’autant plus heureux de l’avoir vu, que je le prends pour l’inspiration principale de l’une de nos chansons. Narrativement c’est simple et parfait. On note des références à d’autres films (même non vus) de Jacques Demy.

J’aime beaucoup l’espèce de loop opéré cette semaine entre le premier long et le dernier.

 

Un chien andalou, Luis Bunuel & Salvador Dalí, 1929

Avida, Gustave Kervern & Benoît Delépine, 2006

Westbound, Budd Boetticher, 1959

Plaisir d’Amour en Iran, Agnès Varda, 1976

Oncle Yokan, Agnès Varda. 1967

Réponse de femmes, Agnès Varda, 1975

L’une chante, l’autre pas, Agnès Varda, 1977

Fando y Lis, Alejandro Jodorowsky, 1968

La cravate, Alejandro Jodorowsky, 1957

Le sabotier du Val de Loire, Jacques Demy, 1957

Les Deux crocodiles, Joël Séria, 1988

Il est difficile de tuer quelqu’un même un lundi, Eric Valette, 2001

A légy, Ferenc Rófusz, 1980

Les demoiselles de Rochefort, Jacques Demy, 1967

 

 

Les notices de Georges Sadoul

Cette semaine, Jacques Demy :

(Pontchâteau 5 juin 1931) Avec Lola (1961), ballet fantaisiste, désinvolte, ému, il apporta à la Nouvelle Vague son « néoréalisme poétique » - puis dans cette direction : la Baie des Anges (1963) et les Parapluies de Cherbourg (1964), originale comédie musicale comme les Demoiselles de Rochefort (1966).

L’amertume d’une découverte californienne (Model Shop) et Peau d’Âne marquent un retour vers la féerie. [une liste]

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F
<br /> Qu'est ce qu'on peut qu'est ce qu'on peut faire contre ça ?<br />
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T
<br /> <br /> -fil du coupaaahaaaahaaableuh<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> il y avait une scène qui rappelait celle-là dans les demoiselles de rochefort !<br /> pour les autres, c'est une des chansons de notre tentative de comédie musicale (sur les vampires, bien avant la mode) qui me trotte le plus dans la tête.<br /> <br /> <br /> Depuis nos chemins ont divergé. François a été appelé vers de plus hautes fonction. Moi, je gribouile sans trop créer ici.<br /> <br /> <br /> <br />