Marcelline (4)

Publié le par Florian

Je relisais l’article de Romarin.

 

Un meurtre a été commis dans une guinguette hier, dans la matinée. Paul Bardel a été retrouvé assassiné d’une balle dans la têtemarcelline-3.jpg sur la terrasse alors qu’il en attendait l’ouverture. Selon le tenancier, le coup de feu aurait été tiré vers 9 heures. [...]

          Paul Bardel, négociant discret en produits pharmaceutiques, n’avait pas d’ennemis connus. Selon sa femme, Marcelline Bardel, il a tenté de contacter un détective privé sans qu’elle puisse savoir pourquoi. Le rendez-vous a été confirmé par la police. Seule l’arme du crime, un Mauser, a pu être retrouvée, aucune empreinte n’a pu être identifiée. Le tenancier est hors de cause. Il semble que le détective le soit aussi, mais faute de suspect, il lui a été notifié de se tenir à la disposition de la police.

 

Rien de spectaculaire, rien que je ne sache déjà, si ce n’est cette notification. Je verrais ça demain avec le courrier. Quant au statut de suspect principal, je ne m’en inquiétais pas outre mesure.
          J’étais plus intrigué par la visite du journaliste après laquelle devait survenir un appel de la veuve.

- Sasha. Je sors. Si jamais une certaine Marcelline Bardel veut me contacter, vous prenez ses coordonnées et vous arrangez une rencontre où et quand elle veut.

          - C’est noté patron. J’espère que je trouverai un créneau.

          - Hahaha, répondis-je d’un ton que je voulais cinglant, ironique, blessant, cruel.

          - C’est le mot créneau qui vous fait rire ? Attendez.

Sasha répondit au téléphone et prit le rendez-vous. Marcelline se trouvait à Paris.

 

- On prononce Mar – Seu – Line ou Mar – Cel – Line ?

- Tout le monde m’appelle Line

Cela me convenait aussi. Nous attendions nos limonades dans un café près d’Austerlitz. Plus jeune que son époux, elle avait le charisme d’un lieutenant-colonel face à un deuxième-classe. Les responsabilités et l’argent avaient étonnament atténué (presque anéanti), une antique candeur.

- Mais on dit Marcelline. Mon mari avait beaucoup de problèmes ces derniers temps, il refusait de m’en parler. Il disait que tout s’arrangerait.

- A-t-il reçu des menaces ?

- Il était serré dans ces délais, pas de menaces à ma connaissance.

- Que voulez que je fasse ?

- Trouvez pourquoi on l’a tué.

- Pourquoi pas qui ?

- Parce que je le sais. Voici la seule personne qui, hormis moi, …

- J’hésitais à le souligner.

- … savait que Paul avait rendez-vous avec vous. Elle me tendit la photo du secrétaire de son mari.

- Pourquoi ne pas contacter la police ? demandais-je. C’était ainsi que je testais mes clients, je n’acceptais que ceux qui avaient les moyens de ne pas faire confiance aux services publics.

- La police n’est pas étanche. Je veux travailler avec quelqu’un en qui je puisse avoir totalement confiance…

- …  que vous puissiez contrôler …

- …  si vous voulez, en tout cas qui sache garder un secret. Vous aurez besoin de consulter certains dossiers qui devront rester strictement confidentiels.

Et qui devraient intéresser Romarin.

 

Publié dans Feuilleton

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