ne gigote pas, chéri, sur ta corde de pendu

Publié le par Tzvetan Liétard

5 cartes à abattre est une bonne traduction de titre. J'avais déjà vu deux films de la même période avec Roddy McDowall, mais je ne l'avais pas reconnu. La structure est totalement chronologique, et le point de vue n'est pas celui du vengeur, qui demeure d’ailleurs mystérieux tout au long du film. C'est à la deuxième mort que l'attention est retenue quand on comprend le synopsis : des joueurs ayant lynché un tricheur malgré l'intervention de Dean Martin qui en faisait partie meurent les uns après les autres. Le personnage du révérend spécialiste du tir et anti-arme (interprété par Mitchum) est inquiétant.

À la fin de Vivre avec les yeux fermés, un personnage demande ce dont on se posait la question tout au long du film : « Pourquoi tu ne l'as pas dit plus tôt ?». J'ai rarement vu s'opérer une telle rétention d'informations, une telle accumulation de réactions dont on aimerait connaître la cause. Il est vrai que certaines informations distillées explicitement par l'image n'étaient pas évidente pour nous : dans ce film iranien, l'héroïne fut l'objet de la vindicte de son quartier et de la honte de ses parents parce qu'elle rentrait souvent tard le soir, pour des raisons qui ne nous regardent pas. L'autre chose a priori étrange pour un spectateur qui ne connaît de ce pays que Persepolis, c'est le fait de montrer les femmes porter le voile même en privé. On a décidé que c'était une convention (un peu comme le code Hays) due au fait que le cinéma est un lieu public. On s'interroge aussi sur une des fonctions du cinéma : ce film s'attache-t-il à montrer une réalité de la société (le sort fait aux femmes) ou bien contribue-t-il à faire accepter la fiction du voile au public iranien ? Je penche pour la première hypothèse puisque la révolution islamique a eu lieu il y assez longtemps, voici près de trente ans. J'imagine, mais c'est de la pure spéculation, que le public non plus n'est pas dupe, mais qu’il respirerait mieux si les films montraient plus de réel.

Le sujet de La justice des hommes concerne plus la justice (internationale) que les particularités du conflit entre Tutsi et Hutus. Le film présente le travail d’Avocat Sans Frontière, dont les représentants sont exemplaires. « Il ne s’agit pas de défendre des individus, mais des principes. » J’ai identifié la musique comme malienne, car elle me rappelait à certains moments Boubacar Traoré et à d’autre le blues (de la série produite par Scorsese). Je n’étais pas tombé tellement loin puisqu’elle était d’Ali Farka Touré.

Le cabotin et son compère, Dans ce film de Norman Taurog (régulier de Dino & Jerry, Elvis Presley et auteur de Bikini Machine), Dean Martin n’est pas l’agaçant womanizer des autres films et Jerry Lewis non seulement prend parfois une voix normale mais il montre une capacité à l’empathie. D’habitude, c’était ego contre absence d’ego. Dans ce film un chouïa plus ancien, l’alchimie entre les deux personnalités, si elle ne prend pas mieux, est plus intéressante. Elle constitue d’ailleurs le sujet du film et (me dit-on) de leur collaboration en général.

Stella Dallasest un mélo maternel. On se demande si selon les auteurs la fin est positive ou négative. Nous la trouvons douteuse. Le personnage de Barbara Stanwyck l'emporte malgré tout. Barbara Stanwyck était peut-être la seule actrice capable d’accepter de jouer un tel personnage.

Je ne peux pas parler de plaisir au sujet de Martyrs. Il y avait évidemment du dégoût, des sursauts, c’est le jeu, mais pas tant d’horreur en raison du peu d’empathie ressenti pour les personnages, hormis pour le principal dont le côté écorché vif finit par être un peu exagéré. Le film était assez laid. Calvaire vu ici et là et Irréversible sont de ce point de vue bien meilleurs. Il ne s’agit pas d’esthétisme pour faire joli, mais de pouvoir imposer une ambiance avec une image (faire du cinéma). Le jeu était peu convaincant (les actrices ? le dialogue ?) et rappelait des productions Europacorp tendance bizness (Banlieue 13, Taxi, Hitman). Voilà pour les aspects négatifs sur lesquels je m’étends plus que d’habitude parce que c’est quand même un bon film pour lesquels les auteurs creusent des directions assez rarement explorées à ce point, dans les idées de mise en scène, de maquillage, de rapports de force (les personnages principaux sont des filles, des femmes).

Ce n’est pas moi qui avais choisi de regarder Mamma Roma et pourtant il fait d’une certaine manière le lien entre les deux fims précédents. Si dans leurs cas, la distance s’imposait (en terme de codes repérables et à cause de la manipulation à laquelle on souhaite échapper), dans cet autre mélodrame maternel, l’émotion est d’une autre nature, un plaisir à la fois presque mystique et trivial. Beau.

 

5 Card studs, Henry Hathaway, 1968

زندگی با چشمان بسته, Rasul Sadr Ameli, 2010

La Justice des hommes, Thierry & Jean-Xavier de Lestrade, 2002

The Stooge, Norman Taurog, 1952

Stella Dallas, King Vidor, 1937

Martyrs, Pascal Laugier, 2008

Mamma Roma, Pier Paolo Pasolini, 1962

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