les illusions au fond de la sacoche de l'étudiant que depuis longtemps on n'est plus

Publié le par Tzvetan Liétard

Une nouvelle série de films de cinéclub, certains à l'université et d'autres à l'institut. Le dernier, on l'a vu avec le chicon.

Ce sont des films vus entre le 15 avril et le 3 mai.


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Pour la fac, j’ai choisi Le dernier pour la route pour des raisons géographiques et en espérant profiter de la popularité de François Cluzet. Il y est question d’un centre d’aide aux alcooliques. On apprend que l’on ne peut pas guérir de l’addiction mais que l’on peut devenir abstinent, ce qu’est devenu Hervé Chabalier (aperçu dans un TGV au début du film). Certains spectateurs ont pris ce film pour de la science fiction à cause de ce centre d’aide qui paraissait un paradis.
C’est l’occasion de remarquer que pour un certain nombre d’étudiants, la ligne de rupture principale est nationale : pour ceux-là, il y a les pays plus ou moins développés, en bloc. D'ailleurs cela ne concerne pas que les étudiants. Une personnalité qui a beaucoup voyagé se demandait pourquoi il y avait des rappers en Norvège, un pays perçu comme riche. Cela lui semblait le plus haut degré de paradoxe, comme si, encore une fois, les inégalités était entre les pays et pas entre les gens.
Pour revenir aux réactions face à cette institution, j’avais d’abord contenu une sorte de fierté à venir de France, un pays où une telle organisation est quand même possible, jusqu’au moment où je me rappelle que les pensionnaires de cette institutions font quand même partie d’une certaine élite. Cette étudiante avait donc raison de souligner l’aspect utopique : mais c’est une utopie qui donne des idées.
Michel Vuillermoz est un critère de sélection. J’aime bien les acteurs. Évidemment, l’écriture y est pour quelque chose, mais lorsqu’il dit lors d’une réunion de groupe : « Moi, j’ai une question pour Hervé… » etc., il m’a impressionné. Tu feras attention si tu vois le film.

On en a parlé dans les Caves.

 

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Solutions locales pour un désordre globale est un de ces documentaires qui n’a pas voulu donner « 5 minutes pour Hitler » et c’est tant mieux. Ce film est rempli d’oppositions :

masculinité – féminité
profit – gratuité
béton – couscous
premier monde – tiers monde
global – local

Certaines problématiques ne sont pas évidentes en Serbie : on a accès à des légumes et fruits d'une qualité incomparable. Avant lors, je ne savais pas que je n’avais mangé de tomate.
Je rencontre enfin Pierre Rabbhi dont j’avais vu le nom si souvent sur FB sans jamais oser cliquer. Ça me fait toujours ça avec des remises en cause attendues.

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Formulons une phrase extrême :
Les employés d’aéroports ont une responsabilité analogue à celles des fonctionnaires du IIIème Reich.

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Je me suis ainsi aperçu que personne dans l’assemblée n’avait entendu parler de Monsanto. Je me sui sretrouvé, moi qui n’y connaissais rien, à expliquer quelque choses d’après des noms familiers dont celui de Marie-Monique Robin dont je n'avais vu que son film sur le trafic d'organe.
En tout cas, l’idée principale semble la suivante :
Consommer local, pas global.
À ce train-là, le végétarianisme semble une nécessité.

 

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Dans La vie de Bohême, d’Aki Kaurismäki, on médite sur la tombe de Henri Murger, l’auteur de Scènes de la vie de Bohème. J’avais oublié qu’André Wilms y était déjà Marcel Marx et que le personnage de Mati Pellonpää était albanais. Mais il y avait déjà le choc des époques dans ce paris fantasmé avec le ministère de la guerre, les vignettes autos et les problèmes d’immigration. On en a parlé dans les Caves.

Le cinéclub, à la fac, est généralement précédé d’une dictée car les examens de langues comprennent une dictée à la fac en Serbie… C’est un bon prétexte pour donner à faire découvrir des chansons. On a travaillé sur la Vie de Bohême (Bourvil et Georges Guétary) pour y cueillir des clichés autour de cette thématique. Y avait aussi la Rue Kétanou et Rimbaud...

 

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On a fait une soirée Lamorisse à Belgrade. Cet à cette occasion que j’ai appris qu’il était également le concepteur du jeu Risk. Les deux films présentés, Crin Blanc et Le Ballon Rouge ont bien des points communs qu’on ne va pas énumérer ici. Disons que tout deux racontent l’histoire d’un gamin qui voudrait bien être heureux avec son nouvel ami.

 

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Le camarguais Crin Blanc fait penser à la sétoise Pointe Courte. C’est aussi un western violent. C’est aussi la première fois om l’on voit deux chevaux se battre jusqu’au sang (malgré le noir & blanc du film).

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Le parisien Ballon rouge est un film fantastique, presque effrayant.

 

Les deux films ont amené l’audience à se demander s’il était souhaitable de montrer ces films à des enfants. On a conclu que oui même si ces films ont fait flippé des générations de gamins.

 


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Danton est une sacrée performance de Depardieu. Je retiendrai sa voix cassée. On en a parlé dans les Caves sans l’avoir vu. Maintenant, on a très fort envie de comparer ce film à Amadeus de Forman en raison de l’âpreté des décors, l’expressivité des gueules des figurants et le spectaculaire dramatique de l’histoire.

La chanson qui l’annonce a été On était tellement de gauche de Miossec.

 


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À la fac, en cinéclub, je ne montre jamais de documentaire. C’est un tort. J’en montrerai plus désormais. On a commencé avec Notre poison quotidien inspiré par le film de Serreau. La préparation du film (dont on a parlé dans les Caves) a été instructive, comme si on apprenait plus en présentant qu’en regardant. Vive les méthodes actives. Pour le prochain cinéclub, je proposerai peut-être aux étudiants volontaires d’être plus actifs.

Ce qui me plaît dans ce documentaire, c’est la mise en scène de l’enquête et l’insatisfaction permanente de la documentariste. Ce film est un exemple de document particulièrement lisible à l’ère d’Internet pour peu qu’on se concentre un peu. Je reviens au passage précédent.


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SuperGraveest une façon de poursuivre les productions Apattow. Pour le moment, je ne m’en lasse pas. Ce fil conducteur permet de découvrir quelques comédiens et de visualiser un univers assez loin de moi. Par exemple, j’avais vu Michael Cera pour la première fois dans This is the end dans lequel on s’employait à briser son image. Je le découvre petit à petit tel qu’il devrait être perçu. C’est un phénomène assez intéressant. En parlant de ce film, les deux racontent la même histoire, celle de l’amour entre Seth Rogen et Evan Goldberg les auteurs des deux films.

 

 

Le dernier pour la route, Philippe Godeau, 2009

Solutions locales pour un désordre globale, Coline Serreau, 2010

La vie de Bohême, Aki Kaurismäki, 1992

Crin Blanc, Albert Lamorisse, 1953

Le Ballon Rouge, Albert Lamorisse, 1956

Danton, Andrzej Wajda, 1983

Notre poison quotidien, Marie-Monique Robin,2010

Superbad, Greg Mottola, 2007

 

Le retour des notices de Georges Sadoul…

Cette fois-ci, Albert Lamorisse :

(Paris, 13 janvier 1922) Il s’est spécialisé dans la mise en scène documentaire poétique et a remporté de grands succès internationaux avec Crin blancet le Ballon Rouge. [Une liste.]

Et puis aussi Andrzej Wajda :

(Se prononce Waïda, et non Vachda) (Suwalki 9 mai 1926) Le meilleur jeune cinéaste polonais avec le regretté Munk. Il révéla son tempérament direct et sincère dès son premier long métrage, Génération. Sitôt après, n’ayant pas encore atteint la trentaine, il donna avec Kanalune œuvre importante des années 1950, où il peignit la bataille de Varsovie, avec de violentes antithèses, faisant contraster l’amour et la mort, l’héroïsme et la folie. Il se surpassa dans Cendre et Diamant, malgré une certaine surcharge baroque. Avec Samson, il passa du pittoresque à l’émotion. Il se considère comme « un violent romantique », mais estime que « ce mode de vie et de pensée est devenu difficile dans une société stabilisée. Munk et moi, nous avons tenté d’illustrer cette prise de conscience, qu’on ne peut accomplir des actes héroïques ou généreux s’ils sont inutiles, mais qu’il y a dans chaque homme une aspiration au mieux ». [Une liste.]

Celui qui déclarait en 1963 à Yvonne Baby (in « Le Monde » 4 janvier) : « Ceux qui n’ont pas vécu la guerre s’en moquent pu la renient. C’est leur affaire ; la mienne est d’y revenir en dépouillant le drame de l’anecdote, des effets journalistiques et spectaculaires », s’est pourtant attaché dans la suite de sa carrière – très mal connue en France – à davantage parler de la Pologne d’aujourd’hui dans des films souvent très influencés par la thématique « occidentale ». [Une liste.]

 


Toutes les illustrations sont de Šejma.

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