Roll on thunder shine on lightnin', the days are long and the nights are frightnin', nothing matters anyway and that's the hell of it

Publié le par Tzvetan Liétard

Alors évidemment, la deuxième guerre mondiale n’est pas le seul sujet de Candide ou l’optimisme au XXème siècle, mais il en constitue l’essentiel, ce qui permet peut-être à ce film de devancer La vie de château et la Grande Vadrouille pour le titre de première comédie traitant de l’occupation. La scène la plus hilarante était celle réunissant Poiret et Serrault (que je n’avais jamais vu réunis dans un film) et celle faisant se succéder Dario Moreno et Luis Mariano, dictateurs d’une Argentine d’opérette (héhé). La satire est assez violente, Carbonnaux annonce peut-être Jean Yanne (l’allemand phonétique des bureaux de l’occupation rappelle le chinois bizarre des manifestations folklorique dans les Chinois à Paris). L’introduction est éloquente, elle dit a peu près que pour écrire son Candide, Voltaire a été inspiré par un tremblement de terre au Portugal (30 000 morts) et que pour faire le leur, ils ont été inspirés par la bombe de Hiroshima (300 000 morts).

Une femme disparaît commence comme un western ou the touch of evil. On se demande presque si les paysages filmés sont ou non une maquette. Le film date de 1938 et on se croirait déjà concerné par une guerre mondiale du type de la deuxième. Il y a un couple homosexuel aussi évident que dans The Big Combo. On apprécie le flegme britannique en toute circonstance.

Marchons sur Aldermaston avance un autre chiffre dont il est tout aussi difficile de prendre conscience : 200 000 morts. Le film raconte comment, lors du week-end Pascal 1958, des gens (mères de famille et gauchistes, vieux chrétiens et jeunes fumeurs de joint, mais tous citoyens) ont marché sur Aldermaston, où se fabriquaient armes nucléaires. Le film est d’autant plus fort qu’il ne semble pas avoir été commandé ou récupéré par tel ou tel parti politique. On continue de marcher sur Aldermaston. Le film fonctionne toujours. Ça nous pend au nez, mon vieux, ça nous pend au nez. On en parle ici aussi. Richard Burton narre.

Le crime était presque parfait était parfait.

De Cette sacrée vérité, je ne me souvenais vraiment que de la séquence finale alors que tout le long était rigolo. Alexandre d’Arcy est très sympathique. Ralph Bellamy y joue encore un plouc manipulé par sa mère, mais le film est moins éprouvant que His Girl Friday. Il est à la fois le plus léger, le plus burlesque, et, peut-être, le plus représentatif de ce qu’on attend d’une comédie de remariage, à la Cavell.

Comme apparemment beaucoup de monde, j’appréhendais la vision de Complot de famille. Je confirme que Bruce Dern donne l’impression de n’avoir reçu comme direction que d’imiter Pierre Richard (même look y compris la coiffure, même maladresse). On pense à De Palma (pas seulement parce que Barbara Harris ressemble à Nancy Allen) et à Steven Spielberg (pas seulement à cause de la musique de John Williams). C’est un film de nouvel Hollywood qu’on aime aussi parce qu’on aime William Devane.

À part le talent et la capacité à tenir attentif le spectateur, je n’ai pas vu tant de points communs entre ces trois films d’Hitchcock. Hormis peut-être ces couples qui n’en sont pas vraiment mais quand même. Il est vrai qu’ils ne font pas partie de ses films les plus représentatifs.

La charge héroïque me confirme l’importance de Lucky Luke dans mon éducation au western et, partant, l’importance de John Ford pour Goscinny et Morris. On y retrouve le même type d’introduction avec un narrateur et le même type de gag. Nous sommes heureux de retrouver Victor McLaglen en vieux sergent à la force surhumaine et à un goût prononcé pour le whisky 20 ans après a girl in every port. Dans les deux films, un belle scène de baston spectaculaire et inoffensive dans un bar. Comme pour the searchers, on s’étonne un temps de la haine des indiens (ici, on pleure Custer, contrairement à run of the arrow) de la part de gens qui en ont une telle connaissance. Voilà un film que j’aurais voulu avoir vu vierge de la culture de la deuxième moitié du XXème siècle.

Voir un film de la Nouvelle Vague (comme le signe du lion) après quelques spécimens du Free Cinema interroge sur qui a influencé qui. De toute façon, on prend autant de plaisir avec les uns qu’avec les autres. Puis on se dit que ce film de Rohmer, tout en images et peu en dialogues, est peut-être celui qui correspond le mieux à ses cousins anglais (pour ce mélange d’errance, de musique et de post-synchronisation). Je me demande comment il est possible que mon père connût le nom de Jess Hahn et pas celui de Julien Guiomar. Il est vrai que cet acteur américain m’a impressionné dans Laisse aller, c’est une valse (Lautner) et Les Barbouzes (Lautner aussi). Un personnage de clochard avec un melon (Jean Le Poulain, sorte de Fernand Ledoux) nous a rappelé ceux des Tiger Lillies. On a donc naturellement été soufflé quand il s’est mis à chanter en "sopralto" un improbable opéra. La fin rappelle celle de Conte d’Hiver.

Il y a au moins deux points communs entre March to Aldermaston et La Grande Menace : La présence incomplète mais prégnante de Richard Burton (narrateur ici, comateux là) et une marche vers une centrale nucléaire (d’Aldermaston ici, de Windscale là). On est peu habitué à voir Lino Ventura dans un spécimen de ce genre, mais ce n’est pas de sa faute si le film ne fonctionne pas. Sa présence pouvait même y apporter une caution réaliste. Burton est autrement plus inquiétant que Vincent Price, son nihilisme convainc (voire enthousiasme). Il faut chercher ailleurs les raisons pour les quelles ce film ne marche pas. Dans une distanciation par rapport aux catastrophes aux quelles Phibes nous a habitués, peut-être aussi dans l’exagération de ces catastrophes.

 

Candide ou l'optimisme au XXème siècle, Norbert Carbonnaux, 1960

The lady vanishes, Alfred Hitchcock, 1938

          March to Aldermaston, Lindsay Anderson & Karel Reisz, 1959

Dial M for murder, Alfred Hitchcock, 1954

The Awful Truth, Leo McCarey, 1937

Family plot, Alfred Hitchcock, 1976

She wore a yellow ribbon, John Ford, 1949

Le signe du Lion, Éric Rohmer, 1959

The Medusa's touch, Jack Gold, 1978

 

Les notices du dictionnaire des cinéastes de Georges Sadoul :

Cette semaine, Norbert Carbonnaux :

(Neully 28 mars 1918) Bon auteur comique français, qui ne remplit pas tous les espoirs de ses débuts. [une liste].

Dictionnaire des cinéastes, Georges Sadoul, 1962, rééd. 1977 (revue et augmentée)

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D
<br /> Ouaip, ça veut dire que je l'ai vu. C'est un film à partager à deux (au moins) car il est dual (au moins). J'en suis sorti en le trouvant assez vide mais aussi bien plein.<br />
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T
<br /> Bruce Dern, également à l'affiche de Twixt, que j'aurais aimé voir ensemble.<br />
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T
<br /> <br /> Tu veux dire que tu l’as vu ? C’était bien ? Je devais aller le voir à fest, mais au dernier momet, ils l’ont remplacé par the Rhum Diary.<br /> <br /> <br /> <br />